Grand champion de motoneige sur glace, Gaston Ferland cumule chez lui un nombre incalculable de trophées et de photos souvenirs illustrant sa grande carrière. Celui que l’on surnomme « La légende » a semé la terreur sur les différents circuits canadiens et américains grâce à son talent fou et son travail irréprochable. Même s’il ne s’aligne plus au centre de la piste, il suit encore de très près la compétition. Son héritage sera à jamais éternel ; il a marqué de brillante façon le sport qui le passionne tant.

 La carrière de Gaston Ferland a d’abord pris son envol à la fin des années 50 alors qu’il courait sur une moto. La transition vers la motoneige n’a cependant pas tardé et son succès a été instantané quelques années plus tard lorsqu’il a pris le contrôle du bolide de son père.

« On a commencé à aller aux courses où la compétition était bonne, se souvient le principal intéressé. En moto, on roulait 45 milles à l’heure et en motoneige, on roulait 18 milles à l’heure. Déjà là, j’avais une avance sur les autres. […] Une chance que j’avais mon père. Je n’aurais pas été là pantoute [sinon]. J’avais un peu d’avance un peu partout. J’ai commencé de même. »

Le célèbre coureur a remporté les deux premiers Carnavals de Québec assis sur la machine Ski-Doo de son père alors que ses adversaires performaient déjà directement pour le manufacturier Bombardier à l’époque. Quand la compétition est montée et que l’ancien numéro 12 a poursuivi son ascension, il a lui aussi fait le saut dans la cour des grands.

« Ça a été le fun parce que dans le temps, il y avait beaucoup de manufacturiers, se souvient celui qui a déjà travaillé sur la chaîne de production à Valcourt. Ça jouait un peu la vedette. On arrivait dans des places et toutes les grosses compagnies avaient des avions privés. […]  J’ai plein de beaux souvenirs chez Bombardier. […] J’ai gagné des multitudes de courses. »

Une saison mémorable

 L’expérience à moto de Gaston Ferland lui a grandement été utile lorsqu’il a commencé à courir en motoneige sur glace. Pour le natif de Québec, l’ajustement n’a pas été trop difficile puisque c’est pratiquement la même approche pour les deux disciplines. Et son expérience lui a aussi permis de rapidement prendre son erre d’aller.

« Quand tu rentres dans le coin, il faut que tu te couches sur le côté, note l’homme fort sympathique de 81 ans. Il faut que tu te déportes. Pour la motoneige ou la moto, c’est la même affaire. Si tu restes assis sur le banc, c’est simple, tu vas rentrer dans les balles de foin. »

Bien que ses nombreuses victoires à Eagle River, au Wisconsin, et ses nombreuses participations à Beauséjour, au Manitoba, représentent une partie importante de son énorme palmarès, Gaston Ferland n’est pas près d’oublier sa saison victorieuse de 1972 avec Bombardier US, équipe pour laquelle il a performé pendant neuf ans. Il a d’ailleurs presque tout remporté sur son passage.

« On a été dans douze [gros] circuits, se souvient le mécanicien de formation. J’ai gagné les deux premières courses à West Yellowstone, dans le Montana. La même année, j’ai gagné à Rhinelander, au Wisconsin, à 20 ou 30 mille d’Eagle River où il y a le Championnat du monde. Après ça, j’ai gagné [dans] deux classes à Butte, dans le Montana, et [ensuite], la World Series. […] J’ai gagné quatre grands prix la même année. Ça a été ma plus grosse année. C’est sûr [que je ne vais jamais l’oublier]. »

 Une victoire pour la fin

 Durant son illustre carrière, Gaston Ferland n’a jamais ménagé les efforts pour se démarquer parmi les meilleurs au monde. C’est d’ailleurs pourquoi il a connu autant de succès sur l’ovale de glace. Et il a toujours eu ce désir pour l’adrénaline et les sensations fortes…

« Pour passer, il faut que tu fonces et il faut que tu fasses des sacrifices, explique celui qui a été le coéquipier du célèbre Yvon Duhamel. […] Quand tu roules dans deux classes collées comme je faisais des fois, il faut que tu sois en [forme] terrible. Il faut que tu fasses des sacrifices pour te mettre en forme. […] Et quand tu es mécanicien-coureur, tu as un avantage sur n’importe qui. »

Gaston Ferland a franchi sa dernière ligne d’arrivée alors qu’il était à l’aube de ses 70 ans. Et c’est au Grand Prix Ski-Doo de Valcourt (GPSV) qu’il a remporté sa dernière victoire à vie en carrière, mais cette fois, sur une Polaris.

« Je l’ai gagnée en Formule 500 avec une très belle machine, se souvient celui qui a déjà habité dans le berceau de la motoneige. Quand je suis revenu sur la piste à Valcourt, j’étais tellement en shape. Ça a été toute une joie. C’est aussi prestigieux que le Championnat du monde. Ça a arrêté là. […] C’est Bombardier qui m’a mis au monde en réalité. »

Même s’il a accroché son casque depuis plusieurs années déjà, Gaston Ferland se tient actif en travaillant dans le déneigement et en pratiquant toujours la motoneige de manière récréative. Il ne faut pas oublier non plus qu’il suit de très près les prouesses de sa petite-fille Sabrina Blanchet, qui performe dans une discipline qui n’a cessé d’évoluer au fil du temps. Et il en est très fier.

Lorsque le signal de départ sera lancé pour la 40e édition du GPSV en février prochain, Gaston Ferland, dont le numéro est sur le mur d’honneur, suivra attentivement l’action sur l’ovale de glace. Et qui sait, peut-être aurez-vous la chance de le croiser sur le site !

Texte par : Vincent Lambert