Reconnu comme un coureur spectaculaire en piste, Karl Daigle a connu une brillante carrière durant laquelle il a ajouté de multiples championnats à son palmarès. Remis progressivement d’une importante blessure au pied, le résident de Roxton Pond est fébrile à l’idée de revenir sur le légendaire Circuit Yvon-Duhamel. Et aussi longtemps qu’il se tiendra devant, la retraite se fera attendre. La passion est encore trop forte pour arrêter complètement.

Couronné champion du Grand Prix Ski-Doo de Valcourt (GPSV) il y a quelques années, Karl Daigle a hâte de renouer avec l’action. Celui qui fera équipe avec Yamaha se souvient des chaudes luttes coude à coude avec Maxime Sylvestre et de la saine rivalité avec Dominic Beaulac ou bien Kevin Lacombe tout juste avant la ligne d’arrivée.

« Je parle avec beaucoup de monde et cette année, Valcourt, ça va être malade, se réjouit celui qui arbore le numéro 78. Il va y avoir de la compétition. On se [motive] entre nous autres. J’adore ça. […] J’aime ça courser, mais j’aime ça courser pour donner un show. C’est ça qui m’attire le plus. On sait qu’il va y avoir du monde dans les estrades […]. C’est le summum cette année. »

Karl Daigle compte bien faire beaucoup de route avec sa petite famille cet hiver pour rouler à moto sur le plus de pistes possible. Valcourt, Sainte-Geneviève, Berthierville, Lavaltrie et Lac-Saint-Jean : les courses se succéderont les unes après les autres. Pour le coureur de la région, il souhaite faire un retour aux sources comme à la belle époque. Et même s’il revient d’une blessure, ne croyez pas qu’il sera là seulement de passage.

« Quand j’y vais, j’y vais pour gagner, admet le principal intéressé. J’ai tout le temps été de même. Il y en a beaucoup qui me disent de m’amuser, mais je m’amuse en gagnant. C’est vraiment le but ultime de tout gagner. Je suis en train d’équiper mon bike comme dans le temps. […] Et personnellement, je m’entraîne vraiment beaucoup pour me mettre à 100 % dans le jeu. […] J’ai tout le temps la passion en moi. Je veux vraiment continuer ça. J’adore le sport. C’est pour ça que je travaille autant pour aider tout le monde là-dedans. »

Une longue carrière

La belle aventure avec la moto sur glace a commencé en 1998 pour Karl Daigle alors qu’il avait seulement huit ans. Dans son patelin, il a vu rouler sur le lac de grands noms comme Andrew Ranger, Kevin Lacombe, Pascal Picotte et Dominic Beaulac. Des moments bien en mémoire qui lui ont donné le goût de se classer lui aussi parmi les meilleurs de sa discipline.

« Tout ce beau monde-là s’entraînait sur mon lac à côté, se souvient Daigle. C’est sûr que j’ai grandi là-dedans. J’ai commencé la moto sur glace et ils étaient à côté de moi. Je les voyais ; ils gagnaient. J’ai commencé à m’entraîner avec eux de bonne heure. Ce qui a fait en sorte qu’à 14 ans, j’étais déjà professionnel avec eux. »

Même quand il n’était pas encore chez les pros, Karl Daigle donnait du fil à retordre à ceux qui avaient déjà beaucoup d’expérience derrière le guidon. Son cheminement a été rapide, tout comme son ascension. Et son père a toujours été là pour le guider et l’accompagner.

« J’étais vraiment un gars préparé et très sérieux, admet le sympathique coureur. Ce n’est pas d’aujourd’hui. […] Je voyais ça comme un but. Je poussais très fort pour atteindre [une carrière]. C’était vraiment un rêve. J’ai tout le temps eu une grande passion. […] J’étais vraiment ancré à cent mille à l’heure là-dedans. »

Au fil des années, l’athlète de Roxton Pond a savouré plusieurs victoires sur différents circuits de course. Mais il n’hésite pas à dire que Valcourt a une place bien spéciale dans son palmarès.

« C’est vraiment la place où tu veux gagner pour ton bien-être », confirme-t-il.

Une grande implication

Depuis qu’il court à moto, Karl Daigle a toujours été impliqué à fond. Plus jeune, il défaisait sa monture en mille morceaux et nettoyait chaque pièce avec sa brosse à dents. Aujourd’hui, il confectionne ses propres pneus spécialisés pour la course sur glace avec son entreprise La Pine Daigle.

« Je ne serais pas obligé de faire ça, mais je veux tellement que le sport continue et je veux tellement aider tout le monde parce que j’adore le sport, explique-t-il. La qualité d’un coureur, c’est vraiment de bien ressentir la moto. Je voulais avoir des pneus qui faisaient telle ou telle affaire. Et les gars ne voulaient pas me les faire. Je me suis dit que j’allais les faire moi-même. […] Au départ, c’était uniquement pour moi. Je ne savais même pas en faire et le monde m’appelait déjà. Même encore aujourd’hui, je ne pensais pas en faire autant que ça. »

Des pilotes d’un peu partout au Québec, de l’Ouest canadien et des États-Unis roulent avec le produit de Karl Daigle. Il s’investit à temps plein dans ce projet en plus de travailler dans la construction. Même s’il accumule les heures, il est fier du résultat. La ligne d’arrivée finale approche peut-être de plus en plus pour Karl Daigle, mais pour lui, pas question d’accrocher tout de suite son casque tant et aussi longtemps qu’il pourra maintenir le rythme.

« Pour l’instant, je dirais que je pousse encore, assure-t-il. Ce n’est plus le même beat qu’on avait. Si je finis deuxième, je vais être moins fâché que dans le temps. Je n’ai plus grand-chose à prouver non plus. Ce qui est le fun, c’est que je peux donner plus de conseils que dans le temps où j’étais plus jeune. On voit ça d’une autre façon. Si les jeunes poussaient bien fort, qu’il y avait beaucoup de compétition et que je n’étais plus dedans, j’y penserais [de me retirer]. Mais pour l’instant, on va essayer de pousser ça et de monter le sport encore pour attirer le maximum de monde. »

Lorsque Karl Daigle décidera de lâcher l’accélérateur, les amateurs de sensations fortes se souviendront certainement de lui comme un coureur dominant et spectaculaire, mais surtout comme un athlète humble et proche des amateurs.

Texte par : Vincent Lambert