La rivalité est peut-être bien vivante sur la ligne de départ quand arrive le temps de mettre les gaz sur l’eau, mais dans le paddock, les pilotes ne se gênent pas pour s’entraider quand l’un d’eux est mal pris avant une course. C’est la beauté de ce sport qui, souvent, débute par une histoire de famille et se transmet d’une génération à l’autre.

Une quarantaine d’adeptes, d’un peu partout au Québec, ont multiplié les va-et-vient dans le paddock, ce samedi, à Sherbrooke, pour la dernière course du calendrier du Circuit des motoneiges sur l’eau du Québec (CMEQ). Si le soleil se faisait plutôt discret en début de journée, il n’a pas tardé à venir réchauffer les vagues du grand plan d’eau, situé sur le chemin de Saint-Élie.

Tout juste avant que les coureurs ne fassent vrombir leur moteur, le promoteur André Fortier a pris quelques minutes pour venir jaser un brin avec le Grand Prix Ski-Doo de Valcourt (GPSV), présent sur place. Depuis maintenant 35 ans, il organise ces événements qui rassemblent des passionnés de vitesse et de sensations fortes. Et chaque année, c’est un incontournable pour bien des amateurs et des coureurs.

« J’ai du bon staff qui me suit depuis plusieurs années, lance-t-il avec le sourire. Ça, c’est bien important. Et les coureurs aussi. Pas de coureurs, il n’y aurait pas de course. […] Il y a [beaucoup] de monde qui tripe là-dessus. On a plusieurs nouveaux aujourd’hui. »

Certains ont fait la route du Saguenay pour se lancer dans cette aventure alors que d’autres sont plutôt des habitués du circuit depuis bon nombre d’années déjà. C’est le cas de Martin Tremblay (Saint-Georges-de-Windsor), qui n’a jamais cessé d’aimer ce sport depuis une trentaine d’années déjà.

« L’adrénaline que ça te donne sur l’eau ; il n’y a pas rien, pas un sport qui me procure une affaire de même », note-t-il en soulignant que ce n’est pas tous les adeptes de motoneiges l’hiver qui sont capables de performer sur l’eau. Et l’inverse est aussi vrai.

 

Un bon spectacle

Parmi tous les coureurs sur place, une dizaine représentait les couleurs de la région de Sherbrooke et des environs. Et certains d’entre eux ont même tiré leur épingle du jeu en savourant le drapeau à damiers à quelques reprises lors des différentes compétitions devant les quelque mille personnes attendues. Et chaque fois, ils étaient généreux de leur temps quand venait le temps de les rencontrer.

Seule femme de la compétition, Cristelle Veilleux (Sherbrooke) a remporté une belle victoire devant ses rivaux, elle qui a débuté son aventure dans les dernières années lorsqu’elle a demandé à son conjoint, Claude Vaillancourt, et son beau-père d’avoir aussi sa propre machine de courses.

« Je ne voulais pas embarquer sur la leur, explique la principale intéressée qui carbure à l’adrénaline. Ils m’ont laissé une machine et ça a commencé de même. J’ai tout le temps eu la passion des bébelles, mais c’est une nouvelle passion depuis cinq ans. »

La dernière étape du CMEQ a également offert une belle rivalité entre Luc Laroche et son fils Michael (Saint-Denis-de-Brompton), qui a initié son paternel à prendre les commandes sur l’eau. Et depuis, les deux n’ont jamais lâché l’accélérateur au grand bonheur des amateurs.

« Quand je l’ai vu virer, j’ai dit que moi aussi je voulais une machine, admet Luc Laroche. On a commencé comme ça. […] Courir contre son gars, c’est [vraiment] le fun. »

 

Une histoire de famille

Habitué de longue date des courses sur l’eau, Claude Vaillancourt (Sherbrooke) a vu son père courser pendant longtemps, ce qui l’a motivé à enfiler son casque et son gilet de sauvetage, tout comme son frère, Simon Brulotte (Sherbrooke).

« Quand on était enfant, mon père a été l’un des premiers à faire les courses sur l’eau, se rappelle-t-il. Il a été l’un des premiers à virer à Victoriaville. Toute notre jeunesse, on l’a suivi. […] On a toujours eu la piqûre. Les courses, c’est une grande famille. Le monde s’aide quand même beaucoup. »

Même si les courses sur l’eau représentent parfois beaucoup d’adversité, la passion garde les coureurs accrochés au guidon. Et plusieurs ne sont plus capables de lever le pouce de l’accélérateur.

« C’est l’adrénaline, commente Simon Brulotte. Il y a aussi l’esprit d’équipe, de famille et l’effet de non-retour. Tu ne peux pas lâcher. C’est ça qui nous tient sur l’eau. L’organisation est bonne. C’est ça qui fait qu’on veut continuer. »

Les courses de motoneiges sur l’eau gagnent en popularité, mais demeurent encore inconnues auprès de bien des gens qui ignorent la tenue de ce sport si spectaculaire.