Si vous êtes des habitués du Grand Prix Ski-Doo de Valcourt (GPSV), vous avez déjà certainement croisé un homme passionné et fort sympathique en vous promenant dans le Wayne’s Paddock. Pendant une trentaine d’années, Wayne Wilkins a été le visage de cet endroit dédié aux coureurs. Il a peut-être décidé de passer le flambeau, mais ses souvenirs demeureront à jamais impérissables.

La passion pour la vitesse de Wayne Wilkins a commencé en 1976 à Edmonton, en Alberta, alors qu’il a regardé pour la première fois une course sur ovale de glace. Il a eu la piqûre immédiatement.

« Après ça, quand ça a commencé ici [à Valcourt], j’ai toujours aimé ça, indique le principal intéressé. Je suis devenu proche des coureurs. Pour moi, c’était une grosse famille. C’est tous mes amis. Je ferais n’importe quoi pour eux et ils feraient n’importe quoi pour moi. »

L’implication du bénévole dans le paddock a débuté après une discussion avec Charlie Goodwin, le père de Jeff et Gregg. Il lui a fait savoir que les athlètes voulaient que ce soit lui qui s’occupe du site. Une rencontre qui lui aura permis de tracer son chemin. Et depuis, il a toujours eu un appui immense des athlètes.

« Ça fait longtemps de ça, se souvient-il. [Charlie Goodwin] m’a montré comment prendre mes mesures entre les remorques. Au début, je n’avais pas de Ski-Doo ou de quatre-roues. Je faisais ça à pied. J’ai beaucoup couru. De temps en temps, Jeff Goodwin prenait ma place. Je n’avais plus de souffle. Charlie disait : “Wayne, assieds-toi.” Ça a commencé comme ça. »

Durant toutes ses années au GPSV, Wayne Wilkins a eu le privilège de côtoyer plusieurs athlètes de renom comme les Vessair, Gingras, Villeneuve, Houle, et la liste s’allonge encore. « C’était incroyable, confie-t-il avec nostalgie. C’était du monde très professionnel. »

 

De fortes émotions

Les coureurs sur ovale de glace ont fait vivre de fortes émotions au fil des années au bénévole sympathique. Il a vu notamment de ses propres yeux le légendaire Dave Wahl battre avec un pont simple un adversaire sur un Twin Track. Et quand vient le temps de choisir l’un de ses meilleurs moments sur la piste, une course bien précise lui vient en tête.

« C’était un vendredi soir, raconte le Valcourtois. La Formula I contre la Formula III [pendant] dix tours. Du monde me demandait qui pouvait gagner. Moi, je disais la Formula I. Le septième tour, dans la courbe numéro quatre, c’est là que les deux [motoneiges] Formula I se sont avancées et elles ont fini la course en première et deuxième place. Tu peux demander à n’importe quel spectateur, c’est la course qui est implantée dans la tête de tout le monde. »

Wayne Wilkins a toujours entretenu une relation spéciale avec la famille Wahl. Il a d’ailleurs vu Terry remporter sa seule victoire à Eagle River. Et il a même eu le privilège d’être à ses côtés pour la présentation des pilotes. Il n’oubliera jamais non plus quand Dave lui a annoncé en premier sa retraite du sport motorisé.

Au-delà des compétitions et des victoires, l’homme derrière le paddock se souviendra toujours de plusieurs rencontres, dont celle où il a rassemblé bon nombre de compétiteurs pour leur faire signer des autographes à une personne paraplégique installée dans un autobus bleu.

« J’ai été voir Charlie Goodwin, se remémore-t-il. Je lui ai expliqué [la situation]. Je suis parti environ une demi-heure voir tous les coureurs. Quand je suis revenu à l’autobus, c’était incroyable. Il y avait peut-être une file de 35 ou 40 pieds de long. Tous les coureurs entraient un par un dans l’autobus pour signer des autographes. Ça m’a affecté. Là, je me suis rendu compte que c’était des hommes, des professionnels. »

Aujourd’hui encore, quand il prend un moment pour replonger dans ses souvenirs, Wayne Wilkins est touché par tout ce qu’il a vécu. « Ça ne prend pas grand-chose pour voir mes yeux pleins d’eau », admet-il. 

 

De retour comme spectateur

Désormais, Wayne Wilkins vivra l’action du Grand Prix Ski-Doo de Valcourt de manière bien différente puisqu’il a décidé de tirer sa révérence. C’est maintenant comme spectateur qu’il regardera les courses défiler devant lui. Et il ne cache pas que la proximité avec les coureurs les jours de compétitions lui manquera.

« Je n’aurai pas le temps de passer comme d’habitude, remarque-t-il. Mon café était toujours prêt dans un trailer, mes hot-dogs toujours prêts dans un autre. Les portes ne sont jamais barrées pour moi. »

Le bénévole passionné a toujours tout fait en son possible pour répondre aux besoins des coureurs avec son équipe. Parfois même, il agissait comme traducteur et faisait les voyages à l’hôpital avec ceux qui s’étaient blessés en piste.

« Ici, je suis chez moi, note-t-il. Les autres ne sont pas chez eux. Ils ne parlent pas la langue d’ici. J’ai tout fait ce que j’ai été capable de faire. » 

Après toutes ces années, la réputation de Wayne Wilkins n’est plus à faire. Son dévouement lui aura permis de tisser des liens serrés avec les coureurs et d’être reçu toujours à bras ouverts lors des compétitions d’ici comme ailleurs. Il laisse assurément un bel héritage au plus grand événement de sports motorisés au monde et son implication restera à jamais gravée dans la mémoire des amateurs de vitesse.